Voyage au Tibet – Poems from the Forgotten City of Yarchen Gar

ཡ་ཆེན་སྒར བོད

Yarchen Gar, Tibet

Les moines de la ville sainte promettent aux voyageurs une rencontre inoubliable. Dans cette plaine des contreforts de l’Himalaya, humains, yacks et vautours vivent en paix. La paix. Pour qui désire continuellement aller voir l’autre côté de la colline, la paix ne vaut pas l’aventure. Pour un voyageur, elle est une illusion. Pour les moines, la paix est un joyau. Nul besoin d’aller par monts-et-par-vaux si dans l’immobilité tout est présent. Ainsi Yarchen Gar recherche-t-elle la paix de tout son cœur, pourtant, j’y vécus l’expérience la plus sanglante de tous mes voyages.

© Alec Magnan
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From the holy hill, Yarchen Gar rises in the heart of the lost kingdom of Tibet, treasure of peace and beauty in the Sichuan highlands. The oldest tradition of Tibetan Buddhism, Nyingma, is taught to more than ten thousands followers, the largest concentration of monks and nuns in the world. 

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© Arthur de Bellescize
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Around the holy city of Yarchen Gar, in the Sichuan region, Tibetan highlands keep a secret from strangers’ ears. Time turned off. Nomads remain masters of the seasons, colours change, clothes wear down, but for men caring about life, living without waste, it is sufficient to keep Time’s mercy. 

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© Alec Magnan
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Flocks of yack and sheep surround the humble city, providing food, leather, wool and poop, useful to keep the fire burning and warm nomad families. The grassland has no fences, only Winter is an enemy. Soon, flocks and nomads will reach lower lands and follow the breath of the seasons endlessly.

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རྙིང་མ

Quelque chose me dit, que le moine et le voyageur ont pris chacun leur route aux antipodes, l’un par la solitude, l’autre par la rencontre, mus par la même volonté d’approfondir l’inconnu. Sur le chemin de la paix, les moines ont appris la rigueur des éléments et la force nécessaire pour continuer à vivre dans ces plaines qui dépassent les plus hauts sommets européens. Jour après jour en quête du joyau, le corps leur est apparu comme le réceptacle des âmes et la mort célèbre alors l’indépendance des deux éléments, l’un spirituel retournant à sa source, l’autre matériel restant sur place. Chez eux, le cadavre n’est aucunement l’ami que l’on a connu mais la chrysalide vide après l’envol du papillon. Pourquoi détruire ce cocon plutôt que de le laisser une dernière fois servir la vie ?

© Alec Magnan
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I was born on a Wednesday sunrise in a nomad’s tent, so call me Lhakpa. I am a sangha member and a follower of Achuk Rinpoche, the founder of my Temple. I listen to masters to hear the sound of wisdom, the way is tough and I need to go on. 
I wish you good luck, sir.

A boy on the bridge upon the river

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© Arthur de Bellescize
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When time is raging, winter comes with its freezing melody. To survive here the help of the community is essential. Slums must be completed and nuns become workers, learning wisdom while carrying heavy panels. 
Ten thousands monastics live in those simple hovel to pass their life at Yarchen Gar.

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བྱ་གཏོར

Les dépouilles d’une jeune fille de vingt ans et d’un homme mûr furent préparées pour les vautours. Le hachoir s’abattait le long des os et la masse, tenue à pleine poigne, fracassait le crâne avec un écho que je n’oublierai pas. Le grand autel était à la sortie du lieu saint, dans un espace entièrement dédié aux enterrements célestes et aux charognards. Le vautour himalayen compte parmi les plus imposants du monde, les voir tourbillonner au loin fut le signe que la cérémonie débutait.

Au Royaume des Neiges, la terre est dure et le bois rare, mais ce n’est pas pour des raisons matérielles que les animaux se repaissent de la dépouille d’êtres humains. En voyant disparaître les corps sous des amas de plumes et se dresser vers moi le cou ensanglanté des vautours, je me rappelais en moi-même que l’amour des moines est inconditionnel. Le temps d’une cérémonie l’une de ces robes pourpre et carmin revêtait le tablier du boucher et agissait au plus près de la mort. C’est là une maîtrise du moine que de connaître les mystères de la mort. Tout ceci est un rituel au service du défunt qui par le don de son cadavre à la vie terrestre fait œuvre de charité. Son âme peut persévérer sur le chemin de la paix, ici ou ailleurs, une fois l’ancien réceptacle détruit. C’était au fond un service contre un autre et tout le monde était heureux.

© Alec Magnan
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Tibetan custom offers human corpses to Himalayan vultures, second largest scavenger on Earth. For the ritual, a monk tries a butcher’s apron and prepares the body until the last bone disappears. The soul is free to ride the birds and reach the Sky with strength and compassion for all living being.

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©Arthur de Bellescize
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Death surprises at times, as the sound of a broken skull. Sky burials are part of a rare tradition. For shamanic beliefs and Buddhist compassion, Tibetans offer their dead body to vultures. The dead soul rides the scavenger to reach the sky and act with goodness to the help of all living beings. 

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中華人民共和國 

Aujourd’hui la cité monastique de Yarchen Gar se détruit, méthodiquement. Les informations qui nous parviennent attristeront tous ceux qui l’aiment. Pékin est la nouvelle Rome, la destruction du Royaume de Judas prend aujourd’hui la forme de la fin du Tibet. Rien de nouveau sous le soleil, qu’adviendra-t-il du Royaume des Neiges ?

© Arthur de Bellescize
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Times have changed, flags too. The Holy Yarchen is not invincible and has to deal with the outside. Some ran away wisely, other stayed for hope. Today, all Tibetan lamas try to escape destruction of their home, their temples and their spirit. The city became forbidden and will be soon forgotten.

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© Alec Magnan
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Springs and autumns passed, wars tore kingdoms to red tides, ancestors divorced and buried the middle’s crown under pain and conspiracy. But Han is stronger. Who is the son of the emperor ? Are we still alive ? Han is the world’s largest race.   

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© Alec Magnan
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I wish I could meet the old nun one more time. See in her eyes honesty and bravery, listen to her prayers reaching places far beyond human’s borders. She was Love, but her home has been destroyed, as thousands. The Holy Yarchen is today a forbidden city, ruined on behalf of power and domination.

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སྙིངརྗེ

Je n’ai jamais cru que la destruction du corps soit une chance pour l’esprit. Pourtant il a deux mille ans, depuis les ruines du Temple de Jérusalem, l’esprit de Dieu se répandit dans le monde comme une nuée de sauterelle, un troupeau de cafards déferlant sur les anciens dieux au nom du Seigneur qui aime les Hommes. Enfant de Yarchen, tu es fille des persécutions d’aujourd’hui comme je suis le fils de celles d’hier. Je suis chrétien grâce aux erreurs de Rome, soit fière d’être tibétaine car maintenant ta marche commence. Attends un siècle, deux, et tu verras le Joyau assis dans chaque demeure. De Pékin à Paris le Royaume des Neiges descendra sur la Terre comme la Jérusalem céleste de mon cœur.

© Arthur de Bellescize
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A traveller looks at many faces and sometimes one among thousands is shinning as a bright star. A soul’s kindness is like a gem, transparency and beauty. Light become visible and confusion kneels before peace. One star lives in the demolished city and my soul wonder, what happened to that girl ?

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Merci aux photographes, mes compagnons de voyage avec qui je partage ces souvenirs.

Bientôt naîtra un roman dédié

À Yarchen Gar

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